Certains sont pessimistes : les prêtres se font rares, les assemblées se dépeuplent.
D’autres sentent un élan nouveau, un partage de la mission plus dynamique.
Parfois, la tentation de verrouiller les portes, de rassembler les dernières brebis et d’établir des murs de règlements, un repli sur soi.
Certains pensent que cette Église est décidément trop poreuse, trop ouverte. Et si, précisément, elle ne l’était pas assez, parce que trop peureuse. Quand nous pensons Église, nous pensons aux prêtres, aux diacres, aux religieux(es), aux fidèles, aux pratiquants du dimanche.
Et si c’était une mauvaise définition ?
L’Église, c’est l’ensemble des baptisés et de ceux qui pourraient l’être, troupeau confus et ondulant.
Que pense ce peuple indistinct ? Qui va souder sa foi, ses convictions profondes ?
Celui qui veut prendre la peine d’aborder les gens, de les écouter, de leur parler, découvre, à sa surprise, des vies intérieures, ensommeillées peut-être mais bien présentes et bien vivantes.
On nous dit : « Allez faire boire des ânes qui n’ont pas soif ». Mais en fait, les ânes ont soif, simplement, ils n’ont personne qui leur montre la source.
Il faut déverrouiller les portes et bâtir l’Église sur ses frontières, à la périphérie.
Quand saint Paul courait le monde, il allait dans les assemblées de Juifs et là, les religieux, les fidèles refusaient de l’écouter sauf une petite minorité.
Mais la frange des assistants, ceux dont la pratique de la circoncision ou du sabbat n’était pas la tasse de thé, ceux-là devenaient soudain le noyau de la Jeune Église.
Si jeune Église il y a aujourd’hui, ne serait-ce pas par le même chemin, celui des recommençants à croire dans le flot bigarré qui entre et sort de l’église.
C’est bien de rassembler et de nourrir les croyants déjà convaincus, mais il me semble encore plus utile et plus urgent de courir à la recherche de ces brebis ignorantes ou inconstantes, égaillées dans les landes et qui ont tant d’occasions de frapper à nos portes.
L’avenir de notre Église me semble plus hors les murs que dans les murs. Son avenir, c’est encore et toujours la mission.
Elle est possible. Les champs changent de couleur pour la moisson : c’est Jésus qui le dit.
Ce qui manque, ce sont les moissonneurs.
Il nous faut sortir de la maison et aller à travers champs.
Gérard Batisse, votre curé